TechFirm a acquis un van renommé « TechFirm Cool Van », que la société met à disposition de ses salariés pour vivre des aventures pas comme les autres et qu’ils puissent ensuite partager leur récit pour inspirer d’autres collègues à saisir cette opportunité atypique. Nous commençons cette série d’articles de blog avec le récit de Sébastien qui vous invite à prendre un peu d’altitude avec lui.
Qui ?
Nous sommes un groupe de 4 copains passionnés de vol libre, dont les niveaux sont très variables. Tout d’abord, ma petite amie, la seule fille et donc notre mascotte, Stéphanie, a commencé le parapente en même temps que moi mais, pour des raisons de santé, n’est pas encore allé au terme de sa formation. Elle aura la lourde tâche de gérer les photos et la logistique (navette, sandwich, etc.). Elle volera également en biplace avec Nicolas, très à l’aise sous tous types de parapentes (il vole régulièrement des ailes EN-D, est pilote biplace commercial, fan d’accro et de manœuvres extrêmes et a presque obtenu le brevet d’instructeur – seule la partie théorique lui manque). Ensuite arrive Jonas, un peu moins expérimenté que Nico, mais également bon pilote. Il vole sous Aerodyne Shaolin depuis de nombreuses années mais a un peu réduit sa pratique depuis quelques temps, mais n’en reste pas moins féru d’aventure. Pour terminer, moi, Sébastien, qui vole depuis 5 ans avec une aile Advance Epsilon. Bien qu’étant le pilote le moins expérimenté du groupe, on dit de moi que je « gonfle » bien et que je décolle et pose proprement (ndlr : « gonfler » indique que je maitrise bien les exercices au sol et ressent bien les mouvements et corrections à apporter à mon parapente).
La préparation
L’idée de base était d’aller faire du soaring à la dune du Pilat. Vols simples, conditions dociles de bord de mer. Je n’ai pas encore beaucoup volé cette année (2 petits vols en conditions calmes) et cela me semblait une bonne manière de reprendre l’activité. Durant la semaine précédent notre aventure, je suis un peu tendu. La météo ne semble pas bonne. Pluie et vent fort semble s’alterner dans l’ouest de la France. Mais la météo peut se tromper, je garde espoir et continue de surveiller l’évolution. Quand le mercredi soir, il apparait clairement que les conditions seront impossibles, je lance une alerte : faut-il annuler notre petite escapade ?!
Le miracle
Nous sommes tous d’accord. Il est inutile de nous rendre au Pilat. Sur 4 jours, nous pouvons espérer une après-midi de vol au mieux. Et les conditions sont les mêmes sur l’ensemble de la France. Nico a une idée et nous demande de patienter. Sa famille a une maison dans le nord de l’Italie. Il parait que « ça vole » dans les parages, mais il ne l’a jamais vérifié par lui-même. La maison se trouve à Montecchio Majiore, non loin de Venise. Un petit tour sur Google nous confirme rapidement qu’un site connu et réputé se trouve à 70km de là. Bassano del Grappa. Et la météo semble de la partie ! Au moins 3 jours de vols au programme 😊 C’est parti, ça sera l’Italie !
Le départ
Vendredi soir, après un briefing-bus donné par Sébastien Vandenbergh, je prends possession de l’engin. Une belle bête, en vérité ! Il se conduit sans difficulté, la motorisation est souple mais vraiment pas pataude, l’intérieur spacieux et confortable, est tout équipé ultra moderne. Le plus grand danger est d’oublier qu’on est dans un van et de se croire dans sa berline ! Le centre de gravité étant assez haut, on s’en rappelle assez vite lors de virages serrés (légère tendance au roulis mais rien de méchant). Je rassemble mes affaires et fonce retrouver le reste du groupe (qui vient du Jura) à la gare d’Aigle. Nous voilà parti, le frigo rempli de bières, plein de bonne humeur et excités comme des enfants à l’approche de Noël, en direction du tunnel du Grand Saint Bernard. 8 heures plus tard, nous arrivons épuisés mais heureux, à destination.
1er jour – Premier contact
Le matin est consacré à la quête des victuailles nécessaires à rassasier notre petit groupe. En passant dans les allées du super-marché du coin, Stéphanie à les yeux qui s’illuminent : gorgonzolla, jambon de parme, salami, copa et tous les bons produits italiens s’étalent devant nous et dégagent un parfum irrésistible. Nous faisons le plein et nous dirigeons vers notre objectif. Un peu plus d’une heure plus tard, c’est le choc : nous ne le savions pas, mais, Bassano del Grappa semble être un site très réputé.
La montagne est immense et devant nous, le long de la crête, une bonne centaine d’ailes évolue sous un vaste cumulus grisâtre. Mais la montagne est si large et haute qu’ils ne semblent vraiment pas à l’étroit. A l’atterrissage, qui est vraiment très spacieux, des dizaines de personnes sont en train de replier leur aile ou de boire une bonne bière. Un hôtel restaurant est d’ailleurs placé juste à côté. Sans perdre de temps, car il est déjà 15h, nous achetons notre « Fly Card » – obligatoire pour voler ici – et montons au premier déco.
Nico se prépare rapidement et part. Jonas fait de même. Moi, je suis un peu intimidé. Bien que le déco soit facile, il est bien alimenté en vent légèrement de travers, mais surtout, il est surpeuplé. Je prends le temps de regarder les autres pilotes, il ne faut jamais se précipiter en parapente. Quelques pilotes décollent plus ou moins bien. Il se font un peu balader mais ne se mettent pas en danger. Un autre pilote s’élance, fait quelques pas, puis prend une énorme fermeture frontale et fini sur le ventre. Pas de bobo, mais ça ne me rassure pas. Un autre fait presque pareil, et fini à moitié dans les buissons sur le côté. Un troisième décolle, prend une énorme fermeture asymétrique à 1m/sol, demi tour/retour à la pente et se crash assez durement. Les gens qui l’accompagnaient accourent pour prendre de ses nouvelles, le pilote se relève et ne semble pas blessé, mais tous ces événements m’ont refroidi. Je gonfle peut-être bien, mais qui dit que tous ceux qui viennent juste de se faire peur ne sont pas meilleurs que moi ? Penaud, je redescends la navette pour aller récupérer les copains qui ont fait un chouette vol.
Un petit débrieffing plus tard, nous remontons. Nico pense que les conditions sont bonnes, un peu toniques mais faciles à gérer pour moi. Les autres font effectivement beaucoup d’erreurs, au décollage ils semblent plus intéressés à s’installer dans leur sellette ou régler leur vario qu’à piloter leur aile, ne tiennent pas leurs ailes et ne font soit pas de corrections, soit des corrections à contre-temps. D’où la grande fréquence de couacs. Certains sont mêmes carrément dangereux et ne devraient pas voler ici. Ragaillardi, je me prépare et décolle. Effectivement, mon décollage se passe mieux que la plupart des autres, et je profite d’un beau vol dans les thermiques bien présents mais faiblissant de cette fin d’après-midi. Je me fais un peu surprendre à l’atterrissage, le vent d’ouest a forci et donne de fortes rafales à 35km/h. Je pose à quelques mètres de l’attéro officiel, malheureusement, dans une culture potagère en bord de terrain. Je m’excuse platement et sors de là rapidement. Je ne suis certainement pas le premier à me vacher ici 😊
Une bonne bière plus tard, nous reprenons la route pour rentrer. Ce soir, c’est grillades et pâtes. Bien sûr, agrémenté de vin rouge italien, nous sommes repus et heureux. Nous nous couchons rapidement.
2ème jour – puissants thermiques
Nous nous réveillons tôt, et après un petit déjeuner copieux, reprenons la route. Direction, le même site. En arrivant, nous décidons de monter au second décollage. Une rampe de delta placée juste à côté mais aucun delta ? Bizarre. Au déco, qui est à nouveau surpeuplé, personnes ne se prépare. Très bizarre. Nous comprenons vite pourquoi en arrivant. Le vent est vraiment très fort, constamment à 20km/h et des rafales plus fortes. Et pas du tout dans l’axe. En sortant du bus, je ne prends même pas mon parapente, je sais d’avance qu’il ne me sera pas utile. Jonas le prend mais montre rapidement quelques signes de nervosité. Nico a un sourire jusqu’aux oreilles : c’est le genre de conditions qu’il affectionne. Nous attendons patiemment que les conditions se stabilisent. Pendant quelques minutes, personne ne bouge, ni Nico ni la bonne trentaine de pilotes qui sont assis. Quelques signes indiquent que les conditions faiblissent et là, c’est la ruée. Tout le monde se prépare en même temps. Et le festival commence. Je ne sais compter le nombre de pilotes qui se font malmener. Ils sont à priori tous d’un bon niveau, ou tout du moins leur matos le laisse à penser (voiles perfs, cocons, habits de haute montagne fait pour voler longtemps très haut, …). En quelques minutes je vois plus de fermetures, d’arbrissages, d’interruptions de décollages que je n’en ai vu durant toute ma – petite – carrière de parapentiste. Jonas renonce, et il a raison. Nico se prépare et même lui, doit s’y reprendre à 3 fois avant de finalement décoller.
Nous redescendons et attendons Nico, qui aura volé une bonne heure. En arrivant, il nous annonce qu’il a trouvé un meilleur déco, bien plus haut et dans une configuration plus favorable aux conditions du jour. Nous attendons qu’il se réchauffe puis montons. Effectivement, le déco « Panettone » est très loin et nous mettons 45 minutes à l’atteindre. Sur place, effectivement, il est en pente douce et très large, sans aucun obstacle. Le vent est même de notre côté, ici, il est faible.
Un peu anxieux quand même – nous sommes à 1600m d’altitude – je me prépare et décolle. Je longe la crête à bonne distance (on ne sait jamais) mais les cumulus épais qui nous surplombent quelques centaines de mètres en dessus font que cela monte partout. Sans même le chercher, je reste à la hauteur du déco durant 20 bonnes minutes. Je suis même en dessus ! Ça monte partout ! Parfois même, les thermiques sont forts et me propulsent de 10 ou 20m en quelques secondes. J’entends les bruits du tissu de mon parapente qui se déforme légèrement au gré des ascendances.
Au bout d’un certain temps, ma machine à cogiter se met en marche. Bien que le vol soit agréable, je commence à avoir froid – mon équipement était préparé pour voler à la dune, pas en haute montagne. Et si je ne pouvais plus descendre ? Et si le cumulus très gris qui me maintient en l’air devenait noir ? Je fais les oreilles et constate avec soulagement que la descente s’amorce facilement. Un peu plus bas, la température est plus supportable et je continue mon vol. Les thermiques sont également moins puissants, et je sais que je devrai bientôt aller me poser. Je profite des dernières minutes de ce vol somptueux, 1500m au-dessus du sol. Mon atterrissage se passe à la perfection, et bien que frigorifié, j’ai un sourire béat que je n’arrive pas à effacer. Nicolas arrive juste après moi, inquiet, et me lance un « ça va ?? je t’ai vu faire les oreilles tu avais peur ? » – « Non, j’avais froid ! Mais c’était le panard ! » – « OK bin on replie et on remonte ! Mets une couche de plus 😊 ». En disant cela, nous levons les yeux. Jonas est en train d’envoyer des 360 engagés juste au-dessus de nous. Il rentre même une SAT. En arrivant vers nous il a le même sourire que nous. Le parapente c’est vraiment le pied ! Nous remontons pour le dernier vol de la journée. Pour Nico ça sera un biplace avec Stéphanie. Jonas s’occupera du bus.
Moi, je décolle avec un peu plus de tissus sur le corps en prévision d’un nouveau vol en altitude, mais malheureusement les ascendances ne sont plus aussi fortes qu’avant, et je termine prématurément – j’ai même des doutes quant à ma capacité à atteindre l’attéro. Pratiquement tout le vol, je descends à une vitesse moyenne de 2m/s. Bon au pire, le nombre de vaches disponibles tout autour de moi est rassurant. Je n’ai qu’à choisir n’importe lequel des champs qui se trouvent ça-et-là. J’y parviens néanmoins, et tout en pliant mon aile, je repasse le film de ces deux vols magiques dans ma tête. J’avais un peu d’appréhension à l’idée de me mettre sous des nuages gris, au printemps, mais maintenant je sais que tous les nuages ne sont pas dangereux. Nico et Stéph arrivent peu de temps après. Nico envoie des wings forts qui font hurler Stéphanie de plaisir. Tout le monde replie le matériel en riant et dans la bonne humeur.
Le soir, nous préparons une bonne casserole de moules marinières, assaisonnées au romarin qui pousse à côté de la maison. Délicieux !
3ème jour – Gonflage vent fort
Les conditions du troisième jour interdisent tout vol. Les rafales sont annoncées puissantes, de l’ordre de 40km/h. Nous en profitons pour visiter un autre site, indiqué comme étant propice au soaring en vent d’est. Effectivement, une petite colline se présente à nous et semble bien adaptée. Le décollage est d’ailleurs aménagé d’une façon qui nous laisse jaloux (tapis de gazon synthétique, trouée dans les arbres, multiples manches à air). Au Jura, nos sites ne sont pas si bien aménagés. Nous faisons le tour de l’endroit et constatons que le vent est bien trop fort pour tenter quoi que ce soit. Même Nico n’essaie pas de sortir son aile. Nous quittons le site et reprenons la route. Au hasard d’un détour, nous voyons des pilotes gonfler leurs ailes dans une cuvette abritée du vent. Le vent y est moins fort mais turbulent. Nous décidons de nous y arrêter quelques temps pour jouer avec nos voiles, faire des photos, et profiter du soleil. Les conditions sont toniques mais nous passons tous un peu de temps à parfaire notre maitrise.
Nous rentrons tôt et décidons de finir la journée avec un jeu de carte et de la bière. Ce qui est également agréable !
Le repas est fait d’une quantité astronomique de friture de poisson. Nous avons bien de la peine à tout finir. Le soir, nous allons manger au restaurant – pasta e pizza per tutti !
4ème jour – Dure réalité
Après avoir rangé nos affaires et nettoyé la maison, nous nous dirigeons vers le super-marché afin de prendre quelques victuailles pour la Suisse. Et oui, malheureusement, 4 jours, ça passe très vite ! Mais Éole est avec nous et il est encore possible de faire un dernier vol. Nous retournons donc à Bassano, mais les nuages – nombreux – masquent le déco « Panettone ». Nous devons nous contenter du premier qui est plus bas. En décollant à 11h, les conditions sont déjà fortes mais gérables, et nous terminons notre épopée avec une dernière bière, faisons une photo de groupe devant le bus, puis nous résignons à prendre la route.
Le retour
Le retour se passe dans une ambiance moins festive que l’aller. Nous devons tous reprendre le travail bientôt, et la perspective des 9h de route qui nous attendent ne nous enchante guère. Nous faisons le chemin inverse et au fil des kilomètres, le ciel se charge en nuages menaçant. Nous passons le Grand Saint-Bernard sous la neige. Puis nous nous séparons à Aigle en nous promettant de remettre ça rapidement. Quelques étreintes plus tard, je reprends seul la route, en direction de Genève. Fatigué, mais avec des images plein la tête.
Le bus nous a permis de vivre une aventure magique et pour cela, je remercie vivement Techfirm !!